Dans les ruelles bordées d’arbustes et de murs en pierre près de la gare de Sèvres, le calme règne en apparence. Mais derrière les volets tirés et les portails fleuris, l’inquiétude gronde doucement. Yolande, la soixantaine bien entamée, vit ici depuis plus de dix ans. Aujourd’hui, elle le dit sans détour, elle ne se sent plus en sécurité. « On ne dort plus sur nos deux oreilles », souffle-t-elle. Le home-jacking qui a visé le présentateur Christophe Beaugrand, dans ce même quartier, a frappé les esprits. « Ça fait peur de se dire que ça se passe juste à côté de chez nous », glisse-t-elle. Longtemps considérés comme relativement épargnés par l’insécurité, les Hauts-de-Seine voient certaines de leurs communes multiplier les efforts pour apaiser des habitants de plus en plus sur le qui-vive et enrayer un « sentiment d’insécurité » grandissant.
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« Je me bats pour partir »
Dans un quartier cossu de Sèvres, l’odeur du chèvrefeuille flotte dans l’air et les chants d’oiseaux accompagnent les journées, mais l’atmosphère a changé. Dans les conversations du quotidien, un mot revient souvent : la peur. Certains habitants envisagent même de partir, là où ils avaient mis des années à poser leurs valises. « Je me suis battu pour habiter ici il y a vingt ans… et maintenant je me bats pour partir, lâche un résident de Sèvres. On se sent en insécurité ».
Un peu plus loin dans les allées, les récents home-jackings ont laissé des traces. Benoît, appuyé contre son portail où trône un autocollant Verisure bien visible, ne cache pas ses peurs. « Ça devient inquiétant. Une famille s’est quand même fait ligoter dans sa cave à deux pas d’ici », s’emballe-t-il.

Ces craintes ne sont pas isolées. Elle traverse plusieurs villes du département, même celles qui affichaient jusqu’ici une relative tranquillité. Car malgré la présence croissante de caméras sur les façades et d’alarmes dans les maisons, les malfaiteurs ne semblent plus se laisser impressionner.
« On a peur de quitter la maison et de la retrouver visitée à notre retour »
Des mesures pour lutter contre l’insécurité
La situation à Rueil-Malmaison illustre cette tension. En 2023, près de 500 cambriolages ont été recensés, faisant d’elle la ville la plus touchée du département. Un constat préoccupant, qui a poussé la municipalité à réagir face au « sentiment d’insécurité » exprimé par nombre de leurs habitants.
Rallumage des lampadaires la nuit, aides financières pour installer des alarmes, extension du réseau de vidéoprotection, développement du dispositif Voisins Vigilants, intensification des patrouilles de la police municipale… Les initiatives se multiplient pour tenter de restaurer un sentiment de sécurité. Dernière mesure en date : la distribution de 3 000 bips d’alarme à destination des femmes de la commune.
À l’hôtel de ville, on assume pleinement ces efforts. « Ce n’est pas parce que c’est un sentiment qu’il est moins important », affirme un proche du maire. La ville, dit-il, attire des habitants au profil plus aisé, ce qui peut les rendre davantage exposés, et plus sensibles, à ce type de délinquance.
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Des résultats encourageants malgré les craintes
À quelques kilomètres de là, à Sèvres, l’approche est similaire, et les résultats se veulent encourageants. Car malgré le choc suscité par le nouveau home-jacking au début du mois, la tendance semble s’inverser. Sur les cinq premiers mois de 2025, « le nombre de cambriolages a chuté de 43 % par rapport à l’année précédente », précise la municipalité à actu Paris. Une dynamique positive, amorcée dès 2024 avec une première baisse de 7 %.
Cette amélioration, la commune l’attribue à « une coordination étroite entre la ville et le commissariat local ». Depuis l’an dernier, les caméras de vidéoprotection sont directement reliées à la police, facilitant les interventions. Résultat, le taux d’élucidation a bondi de plus de 40 %.
Prévention et renforcement des moyens
Mais Sèvres ne mise pas uniquement sur la technologie. La prévention occupe aussi une place centrale. L’Opération Tranquillité Vacances est promue chaque été, en lien avec les forces de l’ordre. Des campagnes sont également relayées sur les réseaux sociaux, et « la plateforme Voisins Vigilants reste un outil clé pour maintenir un lien direct avec la population », assure la ville.
Et l’effort ne s’arrête pas là. Le Conseil municipal doit se prononcer prochainement sur l’implantation de 18 nouvelles caméras, qui viendraient s’ajouter aux 30 déjà en service. Un renforcement du maillage territorial qui s’accompagnera d’une présence accrue de la police municipale sur le terrain.
« Plus il y a d’actions pour la sécurité, mieux c’est »
Toutefois, certains refusent de céder à la psychose ambiante. À Rueil, Jérôme, père de famille et résident depuis seize ans, relativise. « Je n’ai jamais eu de problème ici. La ville n’est pas épargnée, mais elle met clairement les moyens », observe-t-il.
« Plus il y a d’actions pour la sécurité, mieux c’est. Et franchement, les caméras, elles ne gênent que ceux qui ont des choses à se reprocher », sourit-il. Malgré tout, chez lui, comme chez beaucoup, une alarme est désormais activée chaque soir.
La situation, toutefois, mérite d’être nuancée. En 2021, 51,7 % des habitants des Hauts-de-Seine déclaraient ressentir un sentiment d’insécurité, un chiffre inférieur à la moyenne régionale de 53,7 %, et en baisse depuis. Une tendance que certains expliquent aussi par l’impact des réseaux sociaux, où le moindre événement est souvent amplifié.
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