Aisément repérable par sa composition curviligne et sa charpente bois, la future halle du marché couvert de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) dénote déjà dans le paysage urbain. D’une identité forte, « elle se raccroche par son plan en ellipse à un quartier hétéroclite, entre un parc, la Rotonde de logements sociaux de 3F, des barres de logements et des maisons individuelles, mais aussi la mairie construite dans les années 1990 et une église datée des années 1930, ainsi que le tramway », décrit au pied du chantier Philippe Croisier, architecte associé de l’Atelier du Pont, en charge du projet.
La halle de marché s’implante au sein d’un quartier hétéroclite, son plan en ellipse permettant de s’y raccrocher en créant des cheminements traversants © Atelier du Pont
Après démolition de l’ancien hangar métallique, les travaux ont pu démarrer en novembre 2023 par la construction du parking souterrain de 144 places, pour se poursuivre avec la mise en place des parois en bétons préfabriqués convexes, qui dessinent la place centrale de 1600 m², et les deux ailes qui la bordent. Désormais, les compagnons s’attellent à la mise en œuvre de sa toiture depuis la mi-janvier.
Du douglas jusqu’en intérieur
« Sa charpente en bois est structurée d’arbalétriers qui traversent les parois de la grande halle pour mourir sur les extérieurs. Nous avons donc été contraints d’employer du douglas pour assurer la continuité structurelle tout en résistant aux intempéries, là où en principe nous employons de l’épicéa en intérieur », commence Pierre Mathis, responsable d’exploitation pour l’entreprise éponyme, en charge du lot charpente. Des jambes de force moisent cette structure principale et sont accrochées à des tirants métalliques qui viennent tendre l’ensemble, assemblé ferme par ferme au sol, redressé à la grue puis posée.
Des caissons cintrés sur site
« Pour donner l’impression d’une toiture élancée en proue, nous avons en plus travaillé sur des courbes gauches », pointe Philippe Croisier. Un choix de conception qui a impliqué des complexités structurelles. « La courbure de la toiture dans les deux plans nous a obligés à mener une réflexion poussée sur la façon de concevoir les caissons de toiture qui viennent se poser sur la charpente, des éléments en épicéa de 4 m par 2,40 m et de 280 mm d’épaisseur remplis de laine minérale, surmontés d’un pare pluie et d’un lattage bois pour accueillir les voliges du couvreur », explique Pierre Mathis. Les sous face en panneau trois plis qui ferment les caissons resteront visibles, et sont donc ignifugées par un traitement anti-feu ininflammable M1 pour limiter la réaction au feu de l’épicéa.
Finalement, pour les mettre en œuvre, l’entreprise a choisi de préfabriquer entièrement ces caissons droits en atelier dès le mois de décembre, avant de les cintrer sur site. « A la pose, nous venons les contraindre au moyen d’une vis spéciale, afin qu’ils épousent les différentes altimétries de la charpente et leur donner leur courbure, tout en évitant les jours et en assurant une continuité, ces pièces participant au contreventement », poursuit-il. Mais plus on se rapproche des pignons, plus le rayon de courbure est grand. « Aux extrémités, nous sommes donc contraints de réaliser les caissons sur site, afin de gérer le cintrage, ce qui implique un travail en hauteur », continue le responsable d’exploitation.
Les fermes de la charpente sont montées au sol avant d’être levées et posées à la grue © STB
La sécurité lors du travail en hauteur
Pour assurer la sécurité des six charpentiers officiants sur le chantier, l’entreprise a installé un échafaudage doté de garde-corps en bas de pente qui chevauche une partie des ouvrages maçonnés en périphérie de la toiture. Un filet de sécurité a aussi été mis en place sous toute sa sous-face, ancré directement dans la charpente.
L’intégralité des ouvrages de charpente devra être achevée fin avril, y compris ceux des ailes latérales, qui suivent un système de conception similaire sur des portées inférieures. La toiture sera revêtue de zinc.
Livraison à l’été 2025
Les façades vitrées en imposte des parois en béton pourront alors être installées, ainsi que l’ensemble des murs rideaux puis le parement en terre cuite émaillée. Restera alors l’aménagement des étals sur les 250 m de linéaire de pourtour de la halle principale, tandis qu’au centre, la disposition sera plus souple. Les ailes latérales abriteront quant à elles, le bureau du placier, la poste, ou encore une brasserie qui s’ouvrira sur le parvis. Aux abords, les grands platanes sont conservés en place et d’autres plantations seront faites, afin de végétaliser les lieux dès la livraison, après 14 mois de travaux, à l’été 2025.
La livraison de la halle et des abords paysagers aura lieu à l’été 2025 © Atelier du Pont
Programme : Halle de marché, parking public souterrain de 144 places et aménagement des abords
Maître d’ouvrage : Mairie de Villeneuve-la-Garenne (AMO : Paris Sud Aménagement)
Maîtrise d’œuvre : Atelier du Pont (architecte mandataire), Cyprium (économiste), Edeis (structure, fluides), Babylone (paysagiste), Plan02 (environnement)
Entreprises principales : STB (gros œuvre), Mathis (charpente)
Surfaces : 2 580 m² SDP dont 1 600 m² de halle, 3000 m² de parking et 10 500 m² de parcelle
Démarche environnementale : Bâtiment HQE, démarche de réemploi ex-situ
Montant des travaux : 12 M€ HT (VRD inclus)
Livraison : été 2025
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