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Écrasé par les besoins et le manque de moyens, ce bailleur social des Hauts-de-Seine tire la sonnette d’alarme

À Gennevilliers, la moitié des habitants vit dans un logement social. Un chiffre impressionnant mais qui illustre bien la politique volontariste menée depuis cinquante ans par cette ville communiste des Hauts-de-Seine. Sur 50 000 habitants, 25 000 dépendent du parc social. Sauf que l’équation devient de plus en plus compliquée à résoudre. Demande en hausse, budgets qui s’étiolent et bâtiments vieillissants… l’office public Gennevilliers Habitat tire la sonnette d’alarme et n’hésite pas à pointer l’État et les institutions locales. « Il y a urgence d’avoir des subventions plus importantes pour améliorer la vie des gens qui souffre par le manque et la vétusté des logements », martèle le maire, Patrice Leclerc (PCF). « On est au bout de la chaîne des politiques de logement depuis des années », regrette de son côté Sofia Manseri, présidente de Gennevilliers Habitat. Pour continuer à tenir ses engagements, le bailleur a lancé un vaste plan de construction et de réhabilitation. Mais la marche est haute, et les obstacles financiers s’accumulent.

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De moins en moins d’aides

« Le logement devrait être le sujet numéro 1 », pose Sofia Manseri. À Gennevilliers, c’est le cas et son parc social est une véritable vitrine. Les loyers pratiqués défient toute concurrence dans le département. « On sort encore des quatre-pièces à 700 ou 800 euros en loyer de base », rappelle la présidente de Gennevilliers Habitat. Une rareté en région parisienne.

Mais la ville n’avance pas sans heurts. Patrice Leclerc, ne mâche pas ses mots quand il dénonce la baisse drastique de l’aide à la pierre, ce dispositif de l’État qui subventionne la construction et la rénovation. Il fustige aussi la loi RLS qui, depuis 2018, aurait coûté 12 millions d’euros à Gennevilliers. Concrètement, la commune a dû compenser la hausse de 5 euros des loyers liée à la diminution des APL. « C’est autant en moins pour rénover ou construire », soupire l’édile. Or, l’argent des loyers est justement la bouée de sauvetage pour agrandir et améliorer le parc social.

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« On est sur six à huit ans d’attente pour avoir un logement social »

D’ailleurs, malgré cette situation de moins en moins favorable, plusieurs projets sont en cours à Gennevilliers. Parmi les chantiers emblématiques figure le futur quartier du parc des Chantraines. À la clé, 1 500 logements dont la moitié en accession sociale. À côté de cela, de nombreux immeubles anciens vont être remis à neuf. « Pour un logement réhabilité, on compte 70 000 euros », calcule Patrice Leclerc. Une addition qui grimpe vite dans des quartiers où les bâtiments commencent à accuser le poids des ans.

Pendant ce temps, certains locataires vivent déjà dans des conditions difficiles. Les problèmes ne peuvent plus être réglés par un simple coup de tournevis du gardien. Et pour ceux qui demandent à changer d’appartement, le casse-tête est total. Chaque année, plus de 6 000 personnes sollicitent un logement social à Gennevilliers. À peine 500 en obtiennent un.

« Mettre un plafond de 30 % de logements sociaux alors que 70 % de la population d’Île-de-France est éligible, c’est créer une crise du logement »

Patrice Leclerc Maire de Gennevilliers

Autant dire qu’il faut s’armer de patience. « On est sur six à huit ans d’attente », reconnaît le maire. Résultat, des appartements sur-occupés, avec parfois plusieurs situations dramatiques pour une seule solution. « Pour un logement, on peut se retrouver avec trois dossiers : une femme qui subit des violences conjugales, une personne handicapée, une famille de huit dans un deux-pièces. C’est toujours compliqué mais au final, on doit choisir quelqu’un ».

Malgré un nombre important de logements sociaux, Gennevilliers Habitat reçoit plus de 6 000 demandes pour un logement social chaque année.
Même avec un parc social conséquent, Gennevilliers Habitat doit faire face à plus de 6 000 demandes de logement social chaque année. (©HH/actu Paris)

Des financements en moins

Aujourd’hui, Gennevilliers culmine à 60 % de logements sociaux, un record dans les Hauts-de-Seine. De quoi alimenter un débat brûlant dans un département souvent à l’opposé de la ligne communiste de la ville. « À droite, ils parlent de ghettos sociaux. Cela nourrit les peurs et pousse beaucoup de maires à ne plus construire », déplore Patrice Leclerc. Lui préfère continuer, quitte à se heurter aux murs politiques.

Car la ville est aussi pénalisée dans les financements. « La Région ne nous aide plus, considérant qu’il y a déjà trop de logements sociaux », poursuit l’édile. Une situation paradoxale, puisque c’est justement la réputation de Gennevilliers comme bastion du logement social qui attire chaque année de plus en plus de demandeurs.

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