Douze ans réclusion criminelle, c’est ce qu’a requis le parquet de Nanterre, ce mardi 11 février 2025, à l’encontre Sébastien C. Cet ex-entraîneur de patinage artistique du club d’Asnières-sur-Seine est jugé devant la cour criminelle des Hauts-de-Seine pour viols et agressions sexuelles sur des mineures qu’il entraînait. Elles étaient âgées à l’époque de 13 et 15 ans.
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« Je percevais les choses vraiment totalement différemment »
« Il avait son libre arbitre, avait la possibilité de dire non, il ne l’a pas fait, il n’a pas mis les barrières », a tonné l’avocate générale lors de son réquisitoire, dénonçant la « contrainte morale » que l’accusé a exercée selon elle sur ses élèves.
Sébastien C., qui avait alors entre 25 et 27 ans, et est accusé de les avoir violées et agressées, notamment au sein du club d’Asnières, ce qu’il nie. « Ces filles, ce n’est rien, c’est des corps à la disposition de [l’accusé], qui se moque éperdument de savoir si elles ont consenti », a tancé Me Charles Lasvergnas, avocat d’une des deux victimes. Et de souligner que sa cliente présente « tous les traumatismes du tableau clinique ».
Lors de son interrogatoire, Sébastien C. a maintenu la même ligne que celle tenue lors de sa mise en examen en 2020 et nié avoir imposé toute contrainte aux deux adolescentes à l’époque. « Je comprends le problème, j’ai un regard différent aujourd’hui, je percevais les choses vraiment totalement différemment à l’époque des faits », a-t-il assuré.
« L’aide » de Sarah Abitbol
Selon les deux plaignantes, c’est le livre de l’athlète Sarah Abitbol accusant son ex-entraîneur Gilles Beyer de viols, qui les a incitées à agir. Dans Un si long silence (éditions Plon), l’ancienne championne multimédaillée européenne et mondiale en couple dénonçait en 2020 des faits survenus entre 1990 et 1992, lorsqu’elle était âgée de 15 à 17 ans.
L’un des personnages dont l’ombre a plané sur l’audience, Michel Lotz, est accusé dans cet ouvrage de violences sexuelles par deux femmes dans les années 1980.
La défense s’appuie également sur le rôle de cet entraîneur, qui a lui-même formé l’accusé.
« On a tous été victimes d’un club, […] à des échelles différentes, de choses qui n’auraient pas dû se passer », a déclaré l’accusé, qui a invoqué une « immaturité ».
« Omerta », « ambiance sexualisée », l’audience a inscrit les faits jugés et le comportement de l’ex-entraîneur dans un contexte de silence complice et entretenu au sein du club, caractéristique de la « culture de l’impunité » dans le patinage artistique, selon Me Iris Pajot, avocate de l’association La voix de l’enfant, partie civile.
Depuis le début de l’enquête en 2020, plusieurs non-lieux ont été rendus dans cette affaire concernant d’autres victimes qui accusaient le même homme. Un autre entraîneur plus jeune, formé par l’accusé, est lui renvoyé dans le même dossier pour comparaître devant la cour d’assises des mineurs.
avec AFP
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