
Six hommes et une femme étaient jugés ce jeudi 21 mars pour avoir revendu du cannabis et de la cocaïne dans tout le département du Lot. Ils nient avoir voulu s’enrichir grâce au trafic.
À la lecture du rôle – ce document sur lequel le greffier porte la liste des affaires appelées à l’audience –, on s’attendait à une sacrée affaire de stupéfiants. Sept prévenus jugés ce jeudi 20 mars au tribunal de Cahors pour transport non autorisé, détention, offre ou cession et acquisition de stupéfiants. Le tout pour des faits courant de janvier 2017 à décembre 2019, commis à Mercuès, dans le Lot, mais aussi jusqu’aux Hauts-de-Seine. Logiquement, on s’attendait à des kilos de drogue, des liasses de billets en pagaille et même des armes, comme cela peut souvent être le cas. Rien de tout cela.
« J’ai essayé toutes les drogues qui ont pu exister »
Nous sommes le 20 mars 2018 quand les gendarmes de Lalbenque reçoivent un coup de fil anonyme les alertant sur un trafic de stupéfiants en cours. Bien que cela ne soit pas leur secteur, il se déroulerait dans l’appartement de Damien L., 40 ans, à Laroque-des-Arcs. Il s’approvisionnerait auprès d’un certain Cédric, basé à Mercuès, qui permettrait d’alimenter plusieurs dealers grâce à ses contacts dans les Hauts-de-Seine, où il a déjà été condamné pour une affaire de stupéfiants.
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Des interceptions téléphoniques mettent en évidence plusieurs messages où l’on parle de « blanche » ou de « CC » (abréviation de cocaïne). Au terme de l’enquête, cinq autres personnes, dont une femme, ont été identifiées comme gravitant autour des deux premiers.
Les profils ne sont pas ceux de bandits de grand chemin. Il y a, par exemple, Jean-Jacques, 28 ans aujourd’hui, blouse noire, cheveux noirs en l’air et rasés sur les côtés, qui a un petit look de rebelle mélancolique, mais dont la vie a été marquée par la dépression. Tentative de suicide à 16 ans, diagnostiqué HPI, il a « essayé toutes les drogues qui ont pu exister » avant de s’enfoncer dans ce petit trafic pour alimenter ses addictions. Depuis son interpellation, il vit une vie de nomade dans son camping-car, enchaînant les petits boulots. Puis, il y a Romain, saisonnier au chômage, qui revend lui aussi pour alimenter sa consommation. Lui va chercher de la drogue pour Cédric dans les Hauts-de-Seine, ce dernier ne pouvant s’y rendre à cause d’un bracelet électronique l’assignant à résidence. Il avait été condamné en 2015.
« Je ne comprends pas pourquoi ils disent que je revendais du cannabis. Damien, je lui en vendais avant 2015. J’ai déjà payé pour cette affaire », se défend Cédric, que le parquet considère comme la tête du réseau. Dans cette bande, tous se connaissent pour s’être rencontrés en soirée, pour faire la fête. Mais ils nient un trafic d’envergure et invoquent le fait d’avoir simplement voulu « dépanner » les copains.
« Le temps a fait son office »
« Je suis un peu choquée parce qu’il y a peu de monde qui assume », grogne la seule femme de ce dossier, extraite de prison alors qu’elle purge une peine pour trafic de stupéfiants.
« Toutes les investigations montrent qu’ils savaient qu’ils participaient à une activité délictueuse », abonde le parquet, qui requiert des peines fermes de 1 à 3 ans de prison, la plus lourde étant pour Cédric. La décision a été mise en délibéré au 10 avril.
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« Je ne vois pas comment on peut requérir de telles peines dans un dossier comme celui-ci. Et avec un casier vierge », s’insurge Me Faugères, qui défend Jean-Jacques. « Il n’y a rien dans le fond. J’attendais qu’on me parle de kilos, de dizaines de milliers d’euros. On trouve 2 g et des poussières. C’est une mauvaise pioche pour l’instruction. »
Pour la robe noire, il y a deux manières de voir le trafic : « D’un côté, le banditisme, et de l’autre, le consommateur. C’est l’homme malade, qui fait des dépressions et tombe dans la drogue. Vous jugez la misère des hommes et leur capacité à la rédemption », estime l’avocat, qui rappelle que depuis cinq ans, Jean-Jacques avait refait sa vie. « Le temps a fait son office. »
Le temps, c’est aussi le huitième accusé de ce dossier. « Pendant deux ans, le dossier a dormi au tribunal, deux ans à l’instruction. On a réalisé une audition de mon client en 2019 et une en 2023. Rien entre-temps. Pourquoi ? Parce qu’on savait qu’il n’y avait rien », complète une autre robe noire, qui ne plaide pas la relaxe. Elle, comme ses confrères, assure que nous n’assistons pas à un procès de trafic de stupéfiants, mais simplement à celui de la misère des hommes.
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