
Il est 20 heures, ce 16 octobre. Dans le quartier des Blagis, à Sceaux, dans le sud de Paris, un petit groupe de riverains se retrouvent pour une réunion un peu spéciale malgré la météo capricieuse. Depuis maintenant douze ans, le maire (UDI) de la ville des Hauts-de-Seine, Philippe Laurent, consulte les Scéens et Scéennes sur leurs besoins. Une façon de permettre à chacun de ses administrés de participer à la vie de la commune.
Ce soir-là, assis en cercle dans le gymnase de l’école élémentaire, une centaine d’habitants ont échangé entre eux, et avec le maire, pendant une poignée d’heures. « Une salle toujours aussi pleine et toujours aussi active », se réjouit Philippe Laurent esquivant un sourire derrière sa moustache qui rebique sur les côtés. Tout au long de la soirée, les micros passent de main en main.
Des prises de parole sans filtre
Depuis les enceintes situées de part et d’autre de la salle, les demandes de chacun résonnent. « Nous avons un véritable problème de mixité sociale ! Il n’y a plus de lien entre les parties nord et sud de Sceaux ! », s’exclame une première riveraine, applaudie par la foule. « Nous devons éradiquer le trafic de drogues », défend une autre habitante. Des prises de parole directes et sans filtre à partir desquelles le conseil municipal construit ses débats.
Sur le papier, ces concertations mises en place par l’élu semblent être une solution adaptée pour répondre aux enjeux de la ville même si, en pratique, les mesures adoptées par la ville ne font pas toujours l’unanimité. « Cela fait maintenant deux ou trois fois que je viens, et qu’à chaque fois, j’en ressors déçue », affirme Sylvie Richard, qui habite Sceaux depuis 1996. À 72 ans, cette secrétaire à la retraite estime que ces grandes concertations ne « servent qu’à moitié. Certains aménagements dans la ville sont opérés sans concertation, comme par exemple pour la végétalisation. Nous n’en sommes informés que lorsque les travaux ont déjà été lancés, tandis que d’autres de nos demandes restent sans réponse », étaye la septuagénaire emmitouflée dans un imperméable vert.
Et si le maire souhaite exaucer chacun des vœux, ses pouvoirs restent limités. « Chaque suggestion est débattue en conseil municipal. Mais il est impossible de mettre tout le monde d’accord sur chacun des sujets, poursuit Philippe Laurent. Si nous souhaitons réaménager une place, certains demandent un parking, et d’autres, un parc avec des pistes cyclables ». Le dilemme des injonctions contradictoires.
Un casse-tête administratif qui n’est rien à côté du vieillissement de la population locale. Une remarque revient en effet à plusieurs reprises : « Sceaux est une ville de vieux ». Un jeune homme en survêtement bleu ciel prend la parole pour demander… un city stade. C’est d’ailleurs l’un des seuls jeunes présents ce soir-là. Brice Diner est éducateur sportif, il habite dans cette ville depuis vingt-six ans et ce n’est pas la première fois qu’il s’exprime. À l’écouter, il se mobilise depuis douze ans pour que les jeunes puissent avoir accès à des infrastructures sportives… en vain.
« Depuis mes quatorze ans je formule des demandes, et résultat : les jeunes n’ont toujours aucune installation sportive. Le maire nous dit qu’il agira, mais finalement, les projets tombent à l’eau. J’ai l’impression de parler dans le vide », martèle le jeune actif, qui assure que cette concertation sera sa dernière.
Une remarque qui n’atteint pas le principal intéressé. Selon Philippe Laurent, au regard de la situation actuelle, certaines requêtes ne peuvent être suivies d’effets. « À partir de 2025, le budget de la ville sera tronqué de 800 000 euros à cause du projet de loi de finances. Au-delà des demandes de chacun, nous avons des salariés à payer, des crèches et des écoles à faire tourner. Si la ville dispose de moins de budget, certains chantiers seront forcément mis de côté », regrette l’élu centriste. Selon lui, « l’État affaiblit les acteurs les plus efficaces sur leur territoire ». Il va même jusqu’à lancer un ultimatum : « Si Bercy continue de puiser dans nos ressources pour fonctionner, nous serons obligés de fermer des écoles. »
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