L’ambiance était agitée au sein de l’Assemblée nationale ce mardi après-midi. Dans un discours fleuve d’une heure trente, le Premier ministre Michel Barnier a fixé le cap de sa politique pour les prochains mois. « Les Français attendent de nous que nous regardions la réalité en face. La réalité de nos comptes publics. La réalité de l’impact de notre mode de vie sur l’environnement », a insisté le locataire de Matignon face à des députés particulièrement remontés.
Fragilisé par une Assemblée éclatée en trois blocs, le nouveau gouvernement sait qu’il aura des marges de manoeuvre très limitées. L’absence de majorité à l’Assemblée nationale pour le camp présidentiel et le renforcement du poids du Parlement risquent de chambouler les rapports de force entre le chef de l’Etat et les députés sur le projet de loi de finances 2025 (PLF 2025) présenté dans la semaine du 9 octobre, après moult retards.
5% de déficit en 2025 : l’objectif fixé par Barnier
Face à une assemblée électrique, le Premier ministre a d’abord mis l’accent sur la dette publique de la France. « La véritable épée de Damoclès, c’est notre dette financière colossale – 3228 milliards d’euros – qui, si l’on n’y prend garde, placera notre pays au bord du précipice ». Plombé par des comptes publics dans le rouge, l’Hexagone devrait se serrer la ceinture. Estimé dans le budget 2024 à 4,4%, le déficit public pourrait dépasser les 6% de déficit cette année. « Notre volonté est de ramener le déficit à 5 % en 2025 », a déclaré le septuagénaire, lors de son allocution. Sans surprise, le chef du gouvernement a fixé la priorité sur la baisse de la dépense publique. Sur la répartition, «les deux tiers de l’effort de redressement viendra de là (la dépense publique) ». Ce qui correspond à une baisse des crédits d’environ 20 milliards d’euros pour 2025.
S’agissant de la cible de 3%, Michel Barnier a évoqué l’échéance de 2029 au lieu de 2027 avancé par le chef de l’Etat. Jugé « stupide » par le président de la Cour des Comptes Pierre Moscovici, cette promesse aurait nécessiter un effort important en matière de dépenses publiques et de fiscalité. « Il ne serait pas responsable de faire 3% de déficit en 2027 sans déprimer l’économie », avait averti l’ancien ministre des Finances lors d’une récente réunion avec des journalistes économiques. « Cela ferait plus d’austérité et ferait baisser les recettes publiques ».
Impôts : les grandes entreprises et les plus fortunés dans le viseur
L’autre levier important pour redresser les comptes publics concerne la fiscalité. « La situation de nos comptes demande aujourd’hui un effort limité dans le temps qui devra être partagé, dans une exigence de justice fiscale », a affirmé l’ancien commissaire européen. Dans le viseur du gouvernement figurent les grandes entreprises qui réalisent des profits importants.
Le Premier ministre est resté flou sur les instruments. Une surtaxe d’impôt (8%) sur les sociétés est actuellement à l’étude. Elle pourrait concerner les entreprises qui dégagent plus de 1 milliard d’euros de chiffres d’affaires par an. Mais il reste encore beaucoup d’incertitudes sur l’assiette fiscale. S’agissant des ménages les plus fortunés, des mesures devraient également être mises en place afin « d’éviter les stratégies de défiscalisation des plus gros contribuables ». Là encore, plusieurs pistes sont sur le bureau du Premier ministre. Parmi elles figure une contribution exceptionnelle sur les plus hauts revenus. Ce prélèvement concernerait les personnes affichant un revenu annuel supérieur à 250.000 euros. Les taxes sur l’héritage sont également scrutées de près par l’exécutif.
Pouvoir d’achat : refonte du système d’exonération des cotisations sociales
L’autre chantier important évoqué par le Premier ministre concerne le niveau de vie des Français. « Notre objectif est que tous les Français frappés par la vie chère constatent dès l’année prochaine une amélioration de leur niveau de vie », a affirmé l’ancien commissaire européen. Lors de son discours, il a notamment insisté sur une révision du système d’allègement des cotisations sociales pour les salariés au dessus du SMIC.
Pour ce faire, il devrait s’appuyer sur le rapport commandé par l’ex-Première ministre Elisabeth Borne aux économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer. Sur les bas salaires, il a annoncé une hausse du SMIC de 2% au premier novembre au lieu du premier janvier. Et, il a remis la pression sur les branches professionnelles qui avaient des minima de salaires dans leurs grilles inférieurs au SMIC. Frappés de plein fouet par les effets dévastateurs de l’inflation, les travailleurs à bas salaires continuent de voir grimper leur facture d’énergie malgré le ralentissement général des prix. Une situation préoccupante au moment où l’économie française s’enfonce dans un automne morose sur le front conjoncturel.
La France sous les radars des agences de notation et de Bruxelles
Le discours de politique générale du Premier ministre était d’autant plus attendu que la France est scrutée de près par les agences de notation. Et, l’agenda de l’automne est très chargé. Les regards sont désormais tournés vers les agences de notation, Fitch le 11 octobre, Moody’s le 25, et S&P Global le 29 novembre, qui évalueront la situation de la France et, s’ils dégradent la note française, pourraient mettre un peu plus de pression sur les taux d’intérêt. « Moody’s pourrait mettre une perspective négative cette année et dégrader l’année prochaine », analyse Hadrien Carmatte, économiste chez Natixis.
L’Hexagone a pendant longtemps bénéficié « d’un bon score sur le critère institutionnel». Mais l’incertitude politique depuis la dissolution et la tripartition de l’Assemblée nationale en trois blocs inquiètent les investisseurs. « Il y a une glissade avec une complaisance de la part des marchés qui s’érode. Les investisseurs étrangers peuvent se détourner de la France », souligne l’économiste. Placée en procédure de déficit excessif, la France a déjà négocié un report de la présentation de sa stratégie budgétaire de moyen terme auprès de Bruxelles le 31 octobre prochain. Une échéance qui risque une nouvelle fois de mettre la pression au gouvernement Barnier.
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